Innover en politique avec le Design Thinking ? Voilà comment la démocratie se réinvente en Finlande
En France, pas question d’innover en politique. On réforme, mais cela provoque des blocages et une réglementation difficile à mettre en oeuvre, parce que trop abondante et très complexe.
En Finlande, le gouvernement innove dans la façon d’élaborer les politiques. C’est désormais la première nation au monde à concevoir de façon expérimentale sa politique et à appliquer le « design thinking ».
Concrètement, le gouvernement finlandais a expérimenté cette approche sur un sujet dont on parle beaucoup : le revenu universel de base.
À une époque où la plupart des gouvernements se donnent bonne conscience avec des micro-réformes et des petits changements tout en laissant se développer la pauvreté dans la société, le gouvernement finlandais a mis en œuvre une politique ambitieuse et surtout une autre façon de faire de la politique. Il a non seulement exploré la possibilité de réformer l’organisation de la société, mais il est allé plus loin : c’est le fonctionnement même des institutions qui a été revu pour l’occasion.
La Finlande est en train de mettre en place une nouvelle gouvernance nationale plus agile et « human-centric ».
Dans les faits, tout à démarré durant l’été 2015 : Demos Helsinki, un think tank nordique proche de l’Aalto University, a conçu un projet expérimental pour le bureau du Premier ministre reposant sur l’approche comportementale.
C’est un cas d’école dans l’histoire de l’élaboration des politiques. Au lieu de spéculer sur l’impact de propositions politiques comme – le revenu minimum ou les politiques environnementales. La Finlande récolte des idées, des scénarii, pour les prototyper puis les tester, les mesurer et les évaluer.
Pour le revenu universel de base, les Finlandais n’ont pas eu à dire oui ou non, on les a fait travailler dessus. Un échantillon représentatif s’est exprimé sur le montant idéal, les moyens de financement, les bénéficiaires…
La politique sous l’angle « design thinking » devient une équation à plusieurs inconnues.
- Lors d’une première phase, ces paramètres sont définis et clarifiés. Ce sont des variables d’ajustements essentielles pour ne pas générer frustrations et mécontentement. On se posera par exemple des questions telles que : le revenu minimum universel de base est-il universel ? Universel est une inconnue, car on ne sait pas à qui cela s’adresse concrètement : les ressortissants, les résidants, les bi-nationaux ou les nationaux uniquement ? C’est l’occasion de mieux comprendre le sujet sous tous ses aspects, de voir ses enjeux, ses opportunités, mais aussi les défis à relever.
- La phase suivante : « l’ideation », on fait appel aux méthodologies qualitatives et aux études comportementales pour produire des projets réalistes.
- Enfin le « prototype » est une étape clé. Pour le gouvernement finlandais, c’est l’occasion d’avoir une vision plus concrète et pratique de leurs idées avant de les graver dans le marbre.
Les avantages de l’expérimentation ou du design thinking en politique sont multiples :
A une époque ou les gens sont désabusés par leurs représentants, on engage des citoyens et on les fait collaborer à la politique nationale, régionale ou locale.
On rehausse le niveau de la politique et l’intérêt qu’elle suscite.
On produit des réformes efficaces et populaires.
On limite l’excès de règlementation abstraite et inutile qui complexifie toutes les démarches.
Et on met en œuvre des solutions innovantes, car ce qui freine les innovations dans un gouvernement et ce qui occasionne les échecs, c’est toujours le manque de feedback.
En France, la législation est toujours le fruit d’une réflexion abstraite. Quand celle-ci est adoptée, le gouvernement passe à autre chose sans se soucier des conséquences et des avis dans la population. Cela produit des protestations, une règlementation obèse, complexe et souvent contraignante.
Trop de gouvernements sont pervertis par des idées qui ne bénéficient pas aux gens.
Il est temps de réformer notre démocratie.
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